Qu’en est-il des autres?

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J’écris aujourd’hui dans mon état le plus vulnérable.

Mes mots sembleront peut-être naïfs ou même hypocrites pour certains.

C’est pourtant ce que je ressens réellement.

Cela fait presque deux mois que je n’ai pas écrit.

Ce n’est pas parce que je n’ai rien à dire.

Et ce n’est surtout pas parce que je ne suis pas remontée.

À vrai dire, je suis plus révoltée que jamais.

Tellement, que je ne trouve plus les bons mots pour le décrire.

Surtout, parce que nous vivons dans un temps où tous les mots sont bons,

Et où aucun mot n’est assez bon.

Je n’ai jamais eu peur de ma page.

Jamais, car j’écris ce que je sais.

Je sais mes sentiments.

Je sais mes pensées.

Je sais mon pays.

Aujourd’hui, je ne sais pas.

Peut-être alors commencer par là.

Nous savons tous ce qui s’est passé il y a deux jours.

Et nous avons tous eu peur.

Encore une fois, nous nous retrouvons effrayés pour l’avenir, pour notre pays et pour nos vies.

Encore une fois, nous sommes confrontés à une totale incertitude.

Encore une fois, nous attendons anxieusement de savoir ce qui en sera de notre sort et de celui de notre terre.

Il y a deux jours,

Les yeux fermés, prête à m’endormir,

J’ai cru entendre un bruit.

Comme un avion volant trop bas.

Il y a tellement de choses qui ont traversé mon esprit.

Pendant quelques secondes, je me suis retrouvée quatre ans en arrière.

4/08/2020.

J’ai tremblé, j’ai pleuré,

J’ai été paralysée par la peur.

Qu’en est-il de tous ceux confrontés à une peur constante

Depuis plus de deux mois maintenant ?

Qu’en est-il de tous ces enfants essayant de comprendre la laideur et la cruauté de leur environnement ?

Qu’en est-il de tous ces parents essayant de faire de la guerre un jeu pour apaiser leurs enfants ?

Qu’en est-il des Libanais du Sud ?

Ceux qui écoutent le bourdonnement constant des drones et des avions

Depuis des années maintenant ?

Qu’en est-il de leur colère ?

Du nombre de fois où ils ont dû fuir et tout laisser derrière ?

Qu’en est-il de nous ?

Nous avons ignoré leurs indignations,

Leur douleur,

Leur chagrin et leur peine.

Nous avons agi comme si tout était normal.

Nous nous sommes assis au soleil,

Ignorant totalement

Qu’au Sud,

La guerre.

Janvier 2024. Une nouvelle année.

J’aurais aimé écrire de belles choses—

Des mots d’espoirs,

Ou des prières.

Pourtant,

Qu’une seule résolution en tête,

Ou une demande qui pourrait paraître démesurée :

En 2024,

Si nous avons perdu le sens du patriotisme,

Retrouvons au moins notre humanité.

– Inès Mathieu