“I do not look either very like a soldier or very like a convict, and yet I am both.”
– Emmeline Pankhurst
“Braquage de la BLOM Bank: Sali Hafez prête à tout pour sauver sa sœur malade.”
Nos vies ont un prix :
Treize mille dollars.
Nos principes, nos valeurs, notre dignité.
Treize mille dollars
Pour tenter de vaincre une maladie. Pour avoir la chance de se battre.
Pour potentiellement sauver la vie
D’une sœur
D’une maman
D’une femme malade malgré elle, mourante malgré elle.
La santé ne devrait pas avoir de prix…
Dignité
Faire la couverture des médias pour avoir ‘volé’
Avoir été filmé et jugé par le monde
Pour avoir touché le fond, pour avoir succombé à la détresse,
Pour avoir eu le courage de se sacrifier.
Libanais Brigants…
‘Le peuple de la générosité’…
Ne peut-être généreux celui qui n’a plus rien à donner, le fatigué. Chaque jour est un combat pour le Libanais.
Non.
Nous sommes un peuple réduit au crime, à avoir faim.
Nous sommes le peuple qui applaudit un braquage courageux.
Sali Hafez, Héroïne Nationale.
Pas de justice au Liban. On finit par se lasser de subir, d’endurer, d’éprouver, de tolérer.
Arrive un temps où le malheureux devient Justicier.
Valeurs et principes
Qui n’ont pourtant pas été violentés.
Il y a des terres où se battre contre la maladie est un choix.
Où le pauvre n’est pas destiné à mourir.
Au Liban la famille passe avant tout.
J’aurais braqué les plus grandes banques du monde si, comme Sali, la vie de ma sœur avait un prix.
Tragiques sont les images d’une femme sur qui la vie s’est acharnée.
Mais elles donnent espoir.
Pour ses principes, pour ses valeurs, pour préserver un grain de sa dignité.
Pour pouvoir regarder sa nièce dans les yeux et lui dire qu’elles se sont battues, qu’elles ont tout risqué.
Que sa maman est morte d’un cancer, mais qu’elle n’a pas été tuée.
Qu’elle n’a pas été une autre victime des crimes commis par notre ‘gouvernement’ et nos banquiers.
Non, Sali Hafez n’a pas commis de crime.
On ne peut pas arrêter la Victime.
Menottés devraient être ceux qui ont volé un peuple : de son argent, de ses droits, de sa sécurité.
Il est maintenant dangereux de mettre son pied dans une banque;
Parce que mis à part son courage,
Sali Hafez n’est pas différente de tous les autres Libanais :
Misérablement désespérée…
Qui sera le prochain à aller récupérer ce qui est essentiellement sien ?
La Résilience devient Misère.
La Misère, Désespération.
La Désespération devient Colère.
Un peuple misérable, désespéré et enragé est un peuple que l’on devrait craindre.
Quel futur pour le Libanais ?
Devra-t-on tous acheter une cagoule et un pistolet ?
Pour survivre ?
Nos vies ont un prix.
Sommes-nous prêts à le payer ?
– Inès Mathieu