Il y a deux ans aujourd’hui,
Le Liban vibrait.
Les Libanais étaient descendus dans les rues en masse,
Pour se révolter…
Dans les yeux de tous, une immensité d’espoir,
Qui n’avait plus sa place parmi nous depuis longtemps déjà.
Nos regards voulaient tout dire,
Nous n’en pouvions plus.
Nous étions enfin prêts à nous battre,
Pour une chose dont on avait longtemps rêvé :
Notre liberté.
Il y a deux ans aujourd’hui,
Nous avons uni nos voix,
Pour crier Révolution.
Leur écho s’était dispersé dans le globe entier.
Nos cœurs ont battu au rythme de notre hymne.
Koulouna lil watan
Tous pour le pays,
Unis…
Je me souviens encore de ce 17 Octobre 2019.
C’est le jour qui a donné sens à mon passeport libanais.
Le jour où j’ai décidé de me battre pour mon pays,
Où j’ai réalisé que se battre était une possibilité.
Que nous n’étions pas destinés à regarder
Le Liban s’envoler
En fumée.
Le 17 Octobre j’ai enserré mon pays plus fort.
Et depuis, je sais
Que jamais plus je n’aurai envie de lâcher.
Aujourd’hui encore, j’entends résonner,
Au coin de mes pensées,
Nos voix entremêlées hurlant
Thawra…
Et dans mes moments de détresse,
Je me laisse rêver… Je retourne dans mon passé.
Je me retrouve dans la foule, entourée de drapeaux libanais.
Mon peuple m’entoure, nous y sommes tous.
Tous, pour le Liban.
Je regarde dans vos yeux.
Je n’y vois pas le malheur, ni la déception,
Ni les traumatismes, ni l’abandon.
Je n’y vois pas de haine.
Seulement de l’espoir.
Je n’y vois pas de doute.
Je n’y retrouve que la conviction
Que le Liban de demain est en train de se dresser devant nous.
Que plus jamais nous n’allons être épouvantés.
J’entends les cloches de la justice sonner.
Je nous revois heureux.
Oui, il fut un temps où nous avions été heureux…
Où nous avions espoir
Où nous étions déterminés à protéger le Liban.
Où nous étions prêts à tout sacrifier…
Deux ans plus tard,
Tant de choses se sont passées. Nous avons beaucoup souffert depuis.
Le 17 Octobre était symbole de l’éveil d’une nation.
Aujourd’hui il est souvenir d’un temps dans notre histoire où nous ne voulions plus être victimes.
C’est le jour où nous avons décidé de nous défendre, de riposter.
Mais une Révolution se doit de durer, de persister.
Hélas, le Libanais s’en est ennuyé. Il a laissé tomber.
Nous avions mis feu au Liban :
Nous étions prêts à
Tout détruire,
Pour mieux reconstruire.
Mais après la destruction, silence profond.
Soudainement, nos chants ne s’entendaient plus.
Et dans notre absence, nos ravisseurs ont repris le dessus.
Pas par la ruse, pas par la force.
Ils ont repris le dessus parce que le 17 Octobre a représenté
Le suicide collectif des Libanais…
Que de pertes depuis…
Que de morts…
Que de slogans chantés, répétés, murmurés, priés,
Oubliés…
Qu’est-ce que je ne donnerai pas,
Pour retourner
À ce temps où nous étions fiers de notre nationalité,
Qu’est-ce que je ne donnerai pas,
Pour retourner
À ce temps où nous avions choisi d’être Libanais.
17 Octobre 2021 : Nostalgie.
Notre Liban me manque…
Je nous en veux d’avoir renoncé
Au dernier espoir Libanais.
– Inès Mathieu