Roula Yacoub
Maman de cinq filles
Était une femme battue.
7 Juillet 2013,
Sous les coups de son époux,
Elle perd la vie.
Tuée.
Pourtant, la justice a estimé que son mari était coupable
D’un homicide
Involontaire.
Il a peut-être voulu battre sa femme,
Jusqu’à sa mort.
Mais il n’a pas voulu la tuer.
Non…
Homicide ‘involontaire’
Quelle honte.
‘Justice’
Quelle blague.
Nous vivons dans un pays où la femme n’a pas de droits.
Et j’ai peur.
Au Liban, parce que je suis une femme,
Je suis à la merci
De mon père, mon frère, de mon mari, mon oncle.
De tous les hommes de mon pays.
Je suis une femme,
Alors je ne suis bonne qu’à pondre des enfants,
Cuisiner,
Nettoyer la maison,
Et m’occuper de mon homme.
Celui à qui j’appartiens.
Je suis une femme,
Alors si j’ai un jour le culot de parler trop fort,
De ne pas être d’accord, de donner mon avis
Il est normal de me battre
Pour me remettre à ma place.
Je suis une femme,
Alors quand je reçois des coups, je dois rester,
Parce que partir, c’est perdre ses enfants.
Parce qu’au Liban, la garde n’est pas partagée.
Et qu’ils risquent un jour de se faire aussi tabasser.
Alors je reste,
Sachant que ma vie a un prix:
5 ans de prison et 300 millions de livres libanaises.
Pour homicide involontaire.
Oui, j’ai peur.
Parce que j’ai aussi été jugée
Coupable
D’être femme.
Et pourtant,
Je sais ce que je veux
J’ai une opinion
Je n’ai pas peur de parler
Je suis indépendante
Je suis intelligente
Et je pense à autre chose qu’à me marier.
Je suis forte
Je suis libre.
Pour Roula Yacoub,
Pour ses cinq filles,
Pour les femmes de ma vie,
Pour toutes celles que je ne connais pas,
Et pour celles qui ont souffert du même sort que Roula,
Pour moi
Je suis une femme Libanaise
Et je choisis
Volontairement
De ne plus me taire.
– Inès Mathieu