Amertume

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En état d’alerte, constamment…

Dire que ces deux dernières années ont été mouvementées serait un euphémisme.

Je ne sais plus dans quel monde nous vivons. Et il est difficile d’accepter la cruauté humaine.

Ces deux dernières années ont touché les parties les plus profondes de nos âmes et de nos consciences.

Et nous avons été mis à l’épreuve. Constamment. Et bien trop souvent.

Ces deux dernières années, je suis devenue ‘politique’.

Parce que s‘intéresser à ce qui se passe, ou suivre les nouvelles n’est plus suffisant.

Je n’ai donc pas eu le choix, réellement.

Ces deux dernières années, j’ai dû défendre mes principes, mes valeurs, mes convictions.

J’ai écrit et crié mon opinion. Parce que je n’ai pas su faire autrement.

Dans un monde où l’envie de hurler dans le vide nous accable trop souvent,

Dans un monde où nous ne crions jamais assez fort,

Parce que le monde est devenu sourd aux appels à l’aide,

Et aveugle à la fin de l’humanité humaine.

Dans un monde qui ne sait plus nous décevoir parce que nous sommes déjà trop déçus,

J’écris.

J’écris parce que je ne sais plus me taire.

Je ne veux plus me taire.

Je ne peux plus me taire.

Notre silence est meurtrier. Et nous en avons déjà eu la preuve.

Parce que le temps est déjà passé. Et nos silences ont déjà tué.

Je ne veux plus souhaiter de repos en paix…

Il n’y a plus de paix dans le silence,

Il n’y a plus de paix dans le spectacle qui se déroule,

Et dans le spectateur qui l’observe.

Parce que, si l’acteur s’achève, il y aura toujours plus d’histoires.

Mais je suis fatiguée.

Il n’y a pas de paix quand on survit par hasard.

Il n’y a pas de paix, quand d’autres ne sont plus là, mais que nous restons à attendre,

À espérer silencieusement que les mauvais jours passent sans faire de nouvelles fatalités.

Il n’y a plus de paix à prier la santé.

Je ne sais plus quoi écrire, parce qu’il y a trop à dire.

Les sujets s’enchaînent.

Et moi, encore spectatrice,

J’attends que mon stylo crache son encre sur des pages qui attendent de se remplir.

Le stylo est lourd quand il n’a plus de belles choses à écrire…

Et je me suis déjà trop demandée

Pourquoi est-ce qu’à 19 ans, mon registre ne peut pas changer ?

Liban, Beyrouth, 17 Octobre, 4 Août…

Ma tête va-t-elle, un jour, pouvoir se reposer ?

Je suis fatiguée de crier ‘injustice’, et de courir après la justice.

Je suis fatiguée de voir les jeunes porter sur leurs dos,

Les promesses, et les prouesses

De ‘la nouvelle génération’,

La fameuse…

La solitude de l’impuissant est déstabilisante.

La solitude du conscient est troublante.

La compagnie ne rassure plus.

Et bien s’entourer, la peur de perdre plus s’intensifie.

Nous sommes fatigués.

Le stylo est bien lourd quand il n’a plus de belles choses à écrire.

Mais l’encre coule encore,

Peut-être par naïveté,

Parce que malgré tout, j’ai 19 ans,

Et je ne veux pas m’admettre défaite.

Mon sang bouillonne toujours. J’ai encore trop à dire.

Et si le stylo est lourd, je le porterai sur mon dos,

Encore et pour toujours.

Si je ne peux pas changer le monde, cela ne veut pas dire que je ne veux pas que le monde change.

Alors je n’attends plus.

J’écrirai des pages. Et je parlerai des heures.

Mais je ne serai plus ‘spectateur’.

Parce que je suis Fatiguée.

De l’être et de l’avoir été.

Alors plus jamais.

– Inès Mathieu