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Aujourd’hui je me réveille paralysée par mon anxiété.
Aujourd’hui, un discours qui pourrait tout changer.
Un discours qui va déterminer le sort de mon pays, de mon peuple.
Je suis indignée, bien sûr.
Parce que nous attendons,
Comme des moutons domestiqués
Qui attendent l’ouverture de l’enclos pour manger.
Je suis indignée, bien sûr.
Parce que mon avenir est entre les mains d’un homme qui ne me représente pas.
Qui ne représente pas mon pays.
Un homme qui ne parle pas la même langue que moi.
Un homme qui parle pour une toute autre nation.
Je suis indignée,
Parce que mon pays est considéré comme le ‘dommage collatéral’
D’une politique qui n’est pas la nôtre.
Encore, comme un terrain de jeu où sera déterminé le plus fort.
Encore, comme une terre où la destruction ne compte pas,
Où la poussière tombe comme de la pluie,
Où tout s’écroule comme du sable.
Je suis indignée,
Parce que, moi aussi, je suis forcée d’attendre.
J’attends un discours, une décision
Comme une peine de mort.
J’attends, presque sans réaliser,
Que j’attends les mots de quelqu’un pour qui je n’ai aucun respect,
Presque sans réaliser que j’ai automatiquement accepté que ce soit lui qui va décider.
Nous sommes quand même faibles, les Libanais.
Et pour tourner en dérision un sujet aussi sérieux :
Le Libanais se retrouve presque reconnaissant d’être protégé,
De ne pas être laissé complètement impuissant face au côté opposé.
Le Syndrome de Stockholm affectant toute une communauté.
« Merci de nous défendre, après avoir attaqué… »
Je suis aussi déchirée intérieurement.
Cela fait quelques semaines que des images, des vidéos, des mots défilent sur mon téléphone.
Je lis, j’écoute, je pleure, je prie.
Je cris, je m’énerve, je parle, je discute,
J’essaie de comprendre plus,
De comprendre mieux.
J’essaie de comprendre le sens de tout ça.
Mais il y a des choses qui ne peuvent avoir de sens.
Un peuple entier jugé coupable des actions d’un groupe, d’une milice.
Un peuple entier condamné à mort,
À une mort lente et douloureuse,
Pour avoir partagé la terre de meurtriers.
Il y a des choses qui ne peuvent être expliquées,
Sur lesquelles on ne peut même pas débattre,
Parce que la nécessité seule de devoir en débattre est une indignation.
Il y a des questions qui ne devraient même pas être posées.
Attendez alors le fameux discours.
Pleurez pour Gaza,
Et, je vous en prie,
Sauvez quelques larmes pour Beyrouth…
– Inès Mathieu