لن نلتزم

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17 octobre 2023.

Quatre ans depuis la révolution libanaise.

Alors que je prends mon stylo et que je commence à écrire, seulement quelques mots me viennent à l’esprit :

Révolte. Résistance. Persistance.

Aux Libanais qui me lisent :

Vous connaissez et comprenez ces mots.

Aux Arabes qui me lisent :

Vous connaissez et comprenez ces mots.

Ils ont motivé nos combats, et rythmé nos mouvements. Ils ont alimenté notre lutte, et nous les avons utilisés presque comme un salut à notre cause.

Venir du Moyen-Orient, c’est lutter pour vivre dans une région qui nous représente vraiment,

C’est représenter notre culture partout dans le monde,

C’est démontrer que nous n’avons pas été nés et élevés dans la violence,

Que nous sommes éduqués,

Que nous pouvons dialoguer, que nous pouvons avoir des esprits ouverts,

Que nous ne sommes pas tous des extrémistes,

Que nous ne sommes pas des terroristes.

Nous avons été la voix de nos nations.

La voix de peuples qui ne peuvent pas toujours parler librement.

Notre voix a été douce et accueillante envers les étrangers.

Notre voix leur a raconté la beauté de nos pays, elle leur a expliqué nos traditions,

Notre voix a essayé de leur expliquer ce que le Moyen-Orient nous a offert et ce qu’il a à offrir au monde.

Notre voix les a souvent invités, et nos bras leur ont toujours été ouverts.

Mais notre voix est aussi ferme et elle ne tremble pas.

Notre voix a souvent dû défendre.

Défendre nos pays, défendre notre culture, défendre nos traditions.

Défendre notre histoire. Défendre notre peuple.

Stigmatisé, mal jugé, mal représenté.

Voyez, la résistance ne nous est pas étrangère.

Nous avons toujours résisté. Nous résisterons toujours.

Si nous ne le faisons pas dans la rue en chantant des slogans, nous le faisons à travers des conversations, à travers nos actions, notre manière de parler et de nous tenir,

Nous résistons en existant dans un monde qui ne veut pas qu’on existe.

Nous résistons face à la terreur.

Nous résistons face à l’injustice.

Nous résistons face à l’oppression.

Nous vivons divisés par des frontières et pourtant,

Nous sommes les enfants et les citoyens du Moyen-Orient.

Et cela s’accompagne d’un sentiment de fierté, d’appartenance.

Un sentiment qui ne peut être compris ou expliqué aux autres.

Une vie volée à l’un est une vie volée à tous.

Nous sommes le peuple à qui on n’a jamais permis de connaître la paix.

Mais nous sommes aussi le peuple qui ne sera jamais brisé par leurs discours, par leurs guerres, par leurs armes.

Ils ne décideront pas de qui nous sommes

Ou de qui nous ne sommes pas.

Aux yeux des autres, nos terres ressemblent au chaos, à un monde sans loi, sans civilisation, sans espoir.

Aux yeux des autres, nos terres ressemblent à un champ de bataille.

À un terrain où tout est permis,

Où une vie n’a pas le même prix qu’ailleurs.

Où nos cris ne résonnent pas aussi fort,

Où notre sang ne salit pas autant.

Aux yeux des autres, nos enfants ne méritent pas le droit de rêver,

Ils doivent être exterminés avant de grandir et de devenir « Terroristes ».

Pour nous, nos terres sentent nos oliviers et nos oranges, nos épices et nos saveurs. Le parfum et l’étreinte de nos grand-mères, l’encens et nos prières.

Pour nous, nos terres sentent la mer.

Le son des klaxons de voitures et des gens qui se crient dessus avant de s’enlacer. Le son des rires, partout et à tout moment.

Le « Ahla w Sahla, Tfadalo » qu’on entend trop souvent.

Aux yeux des autres, notre langue fait peur.

Pour nous, elle est la musique et les voix de Fairuz et de Umm Kulthum qui accompagnent nos cafés.

Elle est les mots de Mahmoud Darwish et de Gibran Khalil Gibran qui nous ont bercés.

Aux yeux des autres, les traces de balles dans nos murs sont symboles du danger.

Pour nous, elles représentent notre résistance et notre quête de la paix.

Notre droit à nos terres,

Notre droit d’exister.

Aux yeux des autres, nous ne sommes pas libres.

Alors que nous savons que nulle part ailleurs nous sommes aussi libres que chez nous.

Alors que nous savons qu’ils ne sont pas plus libres que nous.

Le Moyen-Orient est le nôtre.

Nous vivons sur des terres qui ne peuvent être détruites parce que notre culture persiste. Nos voix résonneront haut et fort.

Nous ne nous lasserons jamais de ce combat. C’est un combat pour nos racines.

Un combat pour notre passé, notre histoire. Pour notre avenir et pour le futur de nos enfants.

Aujourd’hui, quatre ans depuis la révolution libanaise.

Et bien que l’on puisse penser que nous avons été vaincus,

La révolution ne meurt pas.

Elle nous souffle des mots à la bouche,

Elle nous permet de voir pour quoi nous nous battons encore chaque jour,

Elle est l’esprit qui nous pousse à nous relever,

La force dont nous avons besoin pour persévérer, pour rester,

Elle est la voix de nos grands-parents qui nous rappellent notre histoire,

Elle est notre résilience.

La révolution libanaise résonne toujours dans nos cœurs.

Le Moyen-Orient est rempli d’échos de persistance et de force.

Vous pouvez nous faire la guerre,

Détruire nos terres,

Vous pouvez ternir notre image,

Nous étiqueter de terroristes.

Mais vous n’aurez jamais accès à la source de notre force,

À notre esprit.

Nous résistons. Nous existons.

Toujours.

– Inès Mathieu